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[VIDÉO] Bagnon confie: « Quand ma chérie m’a quitté, j’ai été abandonné et livré à moi-même »

Publié le : 14 octobre 2016 par Philip Kla

Bagnon, évoque dans cette interview, ses moments douloureux où tout a failli basculer. De sa séparation avec Jeanini, en passant par la drogue, le showbiz, Bagnon dit tout.

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Ça fait quand même un bon moment qu’on n’a plus de tes nouvelles, où étais-tu tout ce temps?
Je suis là. Je suis entrain de m’organiser. Aujourd’hui, pratiquer la musique la musique n’est pas facile. Cela relève d’un combat de guerrier. Du coup, le talent seul ne suffit plus pour être promu à une belle carrière. Il faut beaucoup de moyens pour propulser sa carrière. Et moi, je suis entrain de chercher les moyens petit à petit pour relancer ma carrière.


À quand remontre ta dernière œuvre discographique?
Je pense qu’elle date de 2010 avec mon album « Reconnaissance ».

Penses-tu que cette reconnaissance que tu as chantée, tu l’as trouvée dans le showbiz?
Je dirai à la fois oui et non. Il y a des personnes comme les tenanciers de bars et maquis, des journalistes, des producteurs et des fans aussi qui me soutiennent. Pour dire vrai, ce n’est pas ce que je souhaitais et espérais de ma carrière. Mais comme c’est ma passion et la voie que j’ai choisie, je ne peux pas baisser les bras.

Des fans et des mélomanes estiment que tu n’es plus le même Bagnon qu’ils ont connu. Que réponds-tu?
C’est tout à fait normal. Une personne évolue. En plus, il y a un changement dans mon look toutefois, à l’intérieur de moi-même je reste le même Bagnon.

Tu as connu des moments difficiles, est-ce qu’on peut savoir ce que tu as réellement vécu?
Il faut reconnaître que quand ma chérie m’a quitté, j’ai eu des problèmes. J’ai été laissé, abandonné et livré à moi-même. Mes producteurs sont allés regarder ailleurs. C’est ainsi que j’ai quitté Yopougon où je vivais pour me retrouver à Koumassi. Cela dit, je suis en train de me réorganiser. J’avoue que depuis que ma chérie m’a laissé, je n’ai plus assez de soutien puisqu’elle était mon plus grand soutien. Mes producteurs m’ont laissé et m’ont abandonné.

Lire aussi cet article: Bagnon dit ses vérités : « Le couper-décaler est une musique inutile »

Revenons un peu en arrière sur cette histoire avec ta femme Jeanini, qu’est-ce qu’il s’est réellement passé pour que vous arriviez à la séparation?
Ce sont les gens qui se sont mêlés de ce qui ne les regardaient pas. Ils sont allés dire à ma femme que je courts les femmes de gauche à droite et elle aussi elle n’ a pas voulu comprendre parce que les gens ont répeter donc à un moment donné elle a craqué et elle a pris sa décision pour qu’on se sépare et elle m’a dit de partir mais moi je pense qu’elle pouvait voir mes parents pour leurs parlé et moi j’ai tenté de lui faire comprendre et elle n’ a pas voulu me comprendre et m’a dit de partir comme la maison était à elle donc je n’ai pas eu vraiment le choix et j’ai quitté la maison.

C'est donc tous ces problèmes qui t'ont fait basculer dans la drogue?
Chaque artiste s’inspire à sa façon avant de monter sur scène. Et cela n'a évidemment rien à voir avec les problèmes que j’ai pu avoir avec Jeanini.

La drogue est donc en quelque sorte ta source d'inspiration?
Non, ce n’est pas ce que je dis. Je dis plutôt, chaque artiste a son inspiration avant de monter sur scène mais ça n’a rien avoir avec les problèmes que tu peux avoir avec ta femme ou ta fiancée.

On estime aussi que Petit Denis et toi vous avez de réels talents mais malheureusement souvent décimés par la drogue...
Petit Denis, je respecte sa musique et ce qu’il fait. Je reconnais donc qu’il a un talent. Mais je pense qu’on est un peu différents. Très sincèrement, je ne pense pas qu’on a des choses en commun.

Aujourd’hui, après tous ces bouleversements et moments durs de ta vie, quel est ton vœu le plus cher?
Aujourd’hui, je veux revenir sur le podium. C’est ma passion qui me fait toujours courir sinon il y a longtemps que je pouvais abandonner la musique mais si je tiens encore, c’est grâce à cette passion pour le métier. Et puis, quand je reçois des soutiens de mes fans, ça me donne du courage et une volonté de produire. Mon vœu le plus cher en ce moment est de faire un bon clip pour relancer ma carrière pour que mes fans soient contents et fiers de moi. J’ai déjà les chansons et je suis même en contact avec le réalisateur. Tout est fin prêt, on dira. Il est clair que j’ai des soucis pour financer cette production. C’est pourquoi je sollicite les bonnes volontés à me venir en aide.

Quelle est ton appréciation de la nouvelle génération d’artistes faisant dans le Zouglou, à l’instar des jeunes comme Yabongo Lova et autres?
Yabongo Lova, ce qu’il fait pas mal, c’est bien, et je l’exhorte à continuer sur cette lancée. Il a du talent. C’est un garçon qui est respectueux en plus. Me concernant, il m’a toujours respecté. Avant-même de commencer, il est venu me voir pour que je lui donne ma bénédiction.

Mais que réponds-tu à ceux qui estiment que Yabongo Lova te copie et tient à faire comme toi?
Les gens le disent effectivement. Mais moi, je ne prends pas cela dans le sens qu’il m’a copié. J’estime qu’il s’est inspiré de moi, il a étudié ma musique, ce qui est tout à fait normal bien entendu que je suis son devancier. C’est donc normal qu’il s’inspire de ce qui existe déjà et qu’il y ajoute un plus pour se faire une identité propre à lui. D’ailleurs, moi-même, je me suis inspiré de devanciers comme Gadji Céli, Beta Simon, John Kiffyz.


Gadji Céli de qui tu étais proche est depuis des années en exil en Europe. Quel souvenir gardes-tu de lui ?
Il comprenait les artistes. Il m’a donc séduit dans sa façon de travailler car il était très proche des artistes. Malheureusement, aujourd’hui, il se trouve qu’il n’est plus au pays pour des problèmes que je ne saurais expliquer. Sinon il était un bon président. Je pense que si Gadji Céli était encore là, les artistes allaient être mieux vus. Cependant, le seul fait que je déplore chez lui et qui m’a déçu chez lui, c’est qu’il a encouragé les DJ qui ont encouragé la piraterie qui a fini par tuer la musique ivoirienne.

Comment ça, ce sont les DJ qui ont encouragé la piraterie ?
Parce que les DJ ont envoyé une musique qui est très facile. Les gens ne sont pas dupes. Les gens ne peuvent pas payer une telle musique. Ils peuvent certes aller les regarder danser lors de leurs spectacles mais pas acheter leurs Cd. Du coup, les pirates récupèrent et vilipendent ça. Et c’est ainsi que la piraterie a fini par s’enraciner. En clair, les DJ nous ont tous trompés, ils ont trompé à la fois les ivoiriens et les africains. Ils n’ont pas envoyé une musique vraiment éducative. Aujourd’hui, on paie tous cela. Et c’est Gadji Céli qui a encouragé cela.

À bien te suivre, c’est le couper-décaler que tu mets en cause ?
Bien sûr. Regarde des artistes qui chantent et qui donnent de l’argent aux gens contrairement à ce qui se faisait avant leur arrivée. Pourquoi ? Pour tromper les gens. Aujourd’hui, qui s’en sort ? Personne. Même Gadji Céli qui en son temps disait que si on touchait à un seul cheveu des DJ, on allait l’entendre, aujourd’hui il est en exil. La musique des DJ a fait que personne n’est regardé aujourd’hui. On nous a imposé en Côte d’Ivoire le couper-décaler alors que ce n’est pas une musique éducative.

Certes le couper-décaler n’est pas une musique éducative comme tu l’affirmes mais tu es sans ignorer que ça marche fort bien ?
Tous nos problèmes aujourd’hui, c’est à cause des DJ. Les DJ sont la cause des problèmes de la musique ivoirienne. La venue de ces gens a tout bouleversé. Cela a fait fuir les vrais producteurs, les distributeurs et cela a encouragé les pirates. Et comme dans la musique couper-décaler, il n’y a que la danse qui est mise en avant, les populations et mélomanes ont perdu leurs habitudes d’acheter les Cd. Ce qui a permis à cette musique de s’installer rapidement et faire fuir la vraie musique. Le couper-décaler est donc la cause du déclin de la musique ivoirienne et africaine. C’est une musique inutile. C’est des trompeurs en fait. Malheureusement, on ne l’a pas compris dès le départ. C’est des types qui ramassaient des vêtements bon marché en France pour venir blaguer les africains. En plus, ce sont des types qui font sortir de l’argent à chacune de leurs prestations. C’est comme ça qu’ils ont réussi à emballer tout le monde facilement. Sinon, la musique en elle-même est inutile.

Le 12 octobre (l’interview a été réalisée le 06 octobre), les acteurs du couper-décaler vont célébrer le 10ème anniversaire de la mort de Douk Saga, quel souvenir gardes-tu de l’homme ?
Je sais qu’il est le créateur du couper-décaler. Je n’ai rien contre sa personne mais c’est la musique couper-décaler qu’il a envoyée-là qui est mon problème. Sa musique ne nous a pas vraiment aidé. Le couper-décaler a dévalué la musique. Ce qui fait qu’aujourd’hui n’importe qui peut devenir musicien ou artiste. Au début, on a cru que c’était mais après réflexion, on a compris que c’était inutile. Il n’aurait même pas dû créer cette musique. Tout le monde est perdant depuis qu’ils sont là. On ne peut plus avoir de producteurs encore moins de distributeurs à cause des pirates à qu’ils ont permis de régner en maîtres absolus. En plus, c’est eux-mêmes leurs propres DJ qui ont commencé à copier leurs propres morceaux pour vendre.

Te concernant, qu’est-ce que tu fais pour montrer au couper-décaler que tu traites de « musique inutile» que Bagnon reste un grand artiste et un vrai?
Je suis en train de m’organiser pour un retour en force. Je demande donc à mes fans de ne pas se laisser regagner par le découragement. Je n’ai pas baissé les bras, non. Certaines ont annoncé ma mort, mais je reste vivant. Je demande à mes fans de toujours compter sur nous et aussi qu’ils viennent en aide par moment à leur artiste. Parce que quand on est sympathisant d’un club par exemple, on cotise pour que le club bouge et donc quand il y a un artiste qu’on aime, il n’y a pas de mal à l’aider. Je demande juste le minimum pour m’aider à rebondir et non être là tout le temps à me critiquer dans le mauvais sens.

Estimes-tu avoir été soutenu par les acteurs du showbiz ivoirien quand tout a basculé chez toi?
Il y a de l’ingratitude dans le showbiz. Voyez même au niveau des émissions comme Le Clash musical de Didier Bléou. Je ne sais même pas sur quels critères on choisit les artistes pour passer à la télévision. Les artistes que Didier Bléou fait passer à la télévision ne vendent rien au Burida. Didier Bléou gagnerait à aller au Burida avant d’inviter les artistes à une émission à la télévision nationale. Si j’avais été à sa place en tout cas et loin de moi toute idée de vouloir lui apprendre son travail. Il devrait d’abord aller au Burida se renseigner sur les artistes qui produisent au moins des œuvres. Le Burida est là pour lui fournir toutes les informations dont il aura besoin pour être objectif dans ce qu’il fait. Non, il ne va pas ceux-là, il prend des types comme-ça, ses amis, ses copains et choisissent les artistes qu’ils veulent pendant que nous on souffre pour produire des œuvres. Nous donc qu’on doit lancer pour qu’on nous voit, nous on nous balaie et maintenant c’est des types qui ne vendent rien qu’il récupère puisque celui qu’il a mis là a des accointances avec ces artistes-là. Ils font une liste et il fait ses émissions. Je ne trouve pas ça normal. Il faut d’abord voir le Bureau ivoirien du droit d’auteur pour savoir qui sont ceux qui produisent les œuvres comme nous et non prendre des gens qui ne produisent rien pour passer à la télévision.

Parce que pour toi, Didier Bléou encourage la médiocrité en laissant pour compte les meilleurs comme toi?
Voilà. Celui qu’il prend par exemple pour recenser les artistes, je ne sais vraiment pas sur quels critères ils le font. Malheureusement, quand on cherche à les rencontrer pour de plus amples explications sur leurs critères de sélection, ils refusent de nous recevoir. Pourtant on est aussi des jeunes ivoiriens et donc on a aussi le droit de passer à la télévision nationale. Je pense que Didier Bléou ne doit pas faire ça! Il doit voir le Burida qui va lui dire tel ou tel artiste produit et qu’il devra compter avec eux et non prendre des artistes qui ont fait dix ans sans produire d’œuvre pour les lancer. Malheureusement, nous qui produisons les oeuvres malgré la piraterie et payons nos impôts au gouvernement, on n’est pas vu sur les chaînes du gouvernement.

Philip KLA

Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de linfodrome.ci, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.


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Article rédigé par

Philip Kla

Journaliste Reporter

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